L’Ancien et le Nouveau

Histoire d’un renoncement et d’un recommencement

tumblr_mg4fofA9701r3wk1zo1_1280Il y a une dizaine d’années, j’avais la possibilité d’avoir une pratique “de luxe”, et je ne mesurais pas à quel point les mots “de luxe” ne sont pas vain.
Je savais bien que c’était une chance, mais quand je relis un de mes anciens articles sur la question, si je trouve que le propos est pas faux, il y a quand même un truc qui me saute au yeux :

Je n’ai pas été foutue de l’appliquer à moi-même.

Voilà. Les gentils conseils de la Aranna de 2013, qui t’explique que Faire une offrande pendant que l’on prépare le repas, ou garder une bougie dans la cuisine et l’allumer à ce moment là, ils sont pas totalement hors sol mais il y a un paramètre qu’ils ne prennent pas en compte.

La frustration.

La putain. De. Frustration. Frustration d’avoir la sensation de se perdre. Frustration parce qu’on se languit de son ancienne pratique, de son ancien cadre, de ses anciens luxes (comme avoir un toit stable au-dessus de la tête et ne pas bouger tous les 3 mois ; avoir ses affaires à portée de main ; dormir la nuit), de son ancienne liberté, de tout.

Pendant presque sept ans, j’ai couru et soupiré en pensant à cette ancienne liberté de pratiquer. Et pendant que j’avais cette liberté de pratiquer, je soupirais en pensant à la vie que j’ai maintenant (sauf quelques détails dont je me serais passée, mais on ne choisi pas tout. Non, non, on n’a pas commandé à l’Univers avec panier en 1-clic certains paramètres. Et non c’est pas sensé être chose que “shit happens”. Du moins pas pour moi.)

C’est pas tout de savoir en théorie comment on peut concilier vie on-ne-peut-plus-ordinaire et vie spirituelle, encore faut-il arriver à y trouver l’épanouissement. Je parle pas d’être tous les jours cui-cui les petits oiseaux, mais au moins, ne pas avoir l’impression d’être pris dans le cercle infernal du hamster dans sa roue.
Hors, rien que le terme “vie quotidienne” c’est un vaste sujet : c’est quoi le quotidien ? Faire ses courses ? D’accord, rien que dans ce petit détail, il y a une foultitude de paramètres qui vont faire que l’aune de ce qu’est “le quotidien” d’une personne » sera “le luxe” de l’autre.
Alors en soit, on le sait. On sait qu’il y a “toujours pire ailleurs” et oui, on est toujours le privilégié de quelqu’un. Sauf que se dire “il y a encore pire que moi”, je ne pense pas que ca aide une personne non plus. Ca ne lui change pas son cercle infernal personnel d’un coup de baguette magique, et si ca pouvait être utilisé comme prévention contre le burn-out, ca se saurait.

Pour en revenir à nos moutons, c’est pas tout d’avoir des paramètres quotidien, encore faut-il y trouver nos propres bornes, nos propres structures, notre propre bidule intérieur qui fait qu’on arrive encore à y faire pousser les p’tites fleurs de notre vie rituelle / spirituelle / dévotionnelle, bref vous voyez ça en fonction de votre axe de pratique. Par exemple, personnellement, je n’arrive pas à faire certaines connexions si je ne suis pas absolument seule chez moi. De même, me dire “j’ai 1h, je n’ai qu’à faire ça”. Ca fonctionne pour passer un coup d’aspirateur, pas pour créer le pont et la déconnexion mentale suffisante pour arriver à faire un truc rituel.

Un autre point de détail : trouver l’épanouissement dans la vie quotidienne, ca dépend aussi de son axe de pratique, option bonus, des divinités que vous honorez plus particulièrement (ca c’est ma caillasse personnelle dans la chaussure).

Odin, la popote, c’est pas trop son truc. (Sauf quand il s’agit d’aller tirer pépouze l’hydromel de Gunnlöð. Et Gunnlöð au passage.)

Et ca, je crois que ca a été le plus dur.

Ca, et mon amour des recherches et des heures passées dans la lecture de 10 000 ouvrages, l’écriture, l’écriture, l’écriture. Sauf qu’aujourd’hui, la plupart du temps, quand j’ai du temps pour lire, le soir (moment sacré de la journée !), j’en profite pour lire de la fiction, en français, parce que je suis tellement cramée de mes journées, d’une part, que c’est pas la peine de lire en anglais.
D’autre part, quand je lis des trucs intéressants (Bisou le Vieux) en anglais etc, ca me donne deux envies : écrire, et faire des recherches complémentaires. Et je me souviens que je n’ai pas le temps et qu’il faut faire des choix.

Est-ce que c’est ma nouvelle pratique qui m’a trouvée ou est-ce que c’est moi qui ait trouvé ma nouvelle pratique ?
Bonne question, je n’en sais rien. Je dirais un peu des deux. Quand on est dans une certaine optique, on tend à être plus réceptif à des divinités correspondant à cette optique. Et quand des divinités correspondent à des optiques qui nous parlent, on se rapproche un peu plus de leur axe dévotionnel.

Il m’a fallu du temps pour accepter le changement : pour cesser de vouloir absolument revenir un type de pratique comme celle que j’avais avant d’avoir une cohorte de petits champignons (les petits champignons, c’est du spore !). Si la vie est parfois comparée à une succession de saisons, on peut considérer qu’il y a aussi des saisons dans la vie spirituelle (et pas uniquement quatre, ni dans l’ordre canonique).

Se pose aussi la question de “après avoir vécu une énorme épreuve de passage, est-il simplement possible de revenir à la personne que l’on était avant ?” Et d’ailleurs, pourquoi le faudrait-il ?

Du coup, aujourd’hui, si mon chemin dévotionnel avec Odin n’est pas terminé, au quotidien, l’expression de ma pratique et tout ce qui la sous-tends, ca passe par une quantité de trucs très friggesques.

Mais ceci est une autre histoire.

[Source de l’image inconnue, trouvée sur tumblr il y a une décennie et sauvegardée dans mes dossiers.]

[Traduction] Le Sumbel

[Edit du 02/04/2024 : je republie sur le blog d’anciennes traductions faites il y a longtemps pour le site de La Renarde. Ce site n’existe plus aujourd’hui, mais j’ai sauvegardé les traductions qui me paraissaient encore pertinentes.]

Trouvé sur Irminsul Ættir Texte écrit par Susan Granquist © 2001
Traduction & adaptation par Aranna © 2012

489-490

Site nu to symle ond onsæl meoto,
sigehreð secgum, swa þin sefa hwette.

À présent prends place au festin et dévoile ton dessein,
parle gloire et victoire aux hommes en suivant l’élan de ton âme *

Beowulf

Le sumbel (sumbl en vieux norrois) est un rituel solennel où les participants s’assoient ensembles, buvant et discourant d’une manière qui ressemble beaucoup aux toasts que nous portons aujourd’hui au cours d’un diner formel.

Paul Bauschatz dans The Well and the Tree, donne une brève description de ce rituel dans le contexte de la cosmologie nordique et germanique.

« Le fait de boire agit en interaction avec le fait de parler, chacune de ces actions permettant l’accomplissement de l’autre. Pendant un tel acte, le pouvoir de toutes autres les actions est concentré sur le moment du rituel et le canalise à l’intérieur des évolutions constantes de toutes les actions passées et présentes. La combinaison des mots, les actions exprimées et les éléments sémantiques de la boisson et de la coupe reproduisent à la fois le flux continu de l’Orlög et l’eau puisée pour nourrir Yggdrasil, les deux principales tâches des Nornes. Si cette action est représentative de la puissance et de la présence du passé dans le monde des hommes, alors les paroles rituelles prononcées deviennent partie intégrante de ce passé, disparaissent dans la boisson. Tandis que le convive s’enivre, ses actions et la boisson ne font plus qu’un, tandis que le tout est devenu une des strates à l’intérieur du puit. » 1

On fait passer une coupe de boisson alcoolisée : le fait que ce soit alcoolisé constitue une part importante du symbolisme de ce rituel puisque la boisson obtenue résulte d’une transformation des ingrédients de base, ce qui la place au-delà de la réalité ordinaire. La coupe symbolise le puit. Au cours du sumbel raconté dans Beowulf, Wealtheow fait soigneusement passer la coupe, dessinant un parallèle avec les Nornes qui versent l’eau sur les racines de l’arbre permettant à ce dernier de se nourrir et de croître.

Tout ce qui est dit au cours d’un sumbel est important et doit être considéré avec prudence, puisque ces mots deviennent une partie de l’Orlög, mêlant le passé et influençant le cours des événements à venir.

Mais au-delà du fait de s’enorgueillir de ses actes, de rendre hommage aux ancêtres ou d’honorer les autres avec des cadeaux et des chants, ce rituel est également une forme de prière, de lien sacré avec les dieux qui, depuis leurs demeures, participent également au sumbel. C’est des Dieux que proviennent le don du brassage, les runes qui se combinent pour créer de puissants sortilèges, tout autant que l’hydromel de l’inspiration et la poésie qui en découle.

Si nous nous réunissons pour honorer des hommes, ne devrions-nous pas, comme autrefois, honorer également les Dieux et la mémoire des morts ? Honorez-les comme ils se sont eux-mêmes assis et ont honoré ceux qui les ont précédés et ceux qui les ont rencontrés, au cours de cette assemblée.

1 : Bauschatz, Paul, The Well and the Tree: World and Time in Early Germanic Culture, University of Massachusetts Press, Amherst, 1982., p. 77-78

* La traduction française des vers de Beowulf est tiré du livre Beowulf, lettres gothiques, traduction et notes de André Crépin, Le livre de poche.

[Miscellanées] Witchcraft Asks 3/5

43 . Quel est ton outil de sorcière favori ?

Là tout de suite, aucune idée. [Le moi sarcastique : « Mon cerveau ».]
J’ai eu, il y a vingt ans, un superbe athamé à l’histoire un peu particulière. J’avais repéré un artisan -je crois me souvenir que c’était par le biais d’un forum darkos que je fréquentais à l’époque où on a commencé à avoir internet à la maison- qui fabriquait des dagues en collaboration avec un autre mec, et je lui avais envoyé un mail pour en acheter un. Il les fabriquait à la commande et ca prenait du temps. Entre temps je faisais plein de rêve avec une dague qui ne ressemblait pas à ce que j’avais commandé. Finalement, je devais passer aux caves St Sabin pour le récupérer. Et là, papoum, le mec me dit qu’il y a eu un méga pépin avec ma commande, parce que c’était pas DU TOUT ce à quoi il devait ressembler, qu’il comprenait pas trop. J’ai fais genre « mmmmh, bon on va voir si je le prends quand même », et j’ai retenu un braillement en voyant apparaître exactement la dague qui apparaissait dans mes rêves. J’ai pas moufté, et le mec me dit qu’il peut ou me faire un bon rabais, ou alors m’en refaire un.
Je l’ai pris. Avec le rabais.
Cet athamé m’a été confisqué par la douane française de retour d’une initiation en Suisse. Un sale moment de ma vie où j’ai loupé mon train, failli finir en G.A.V. etc. J’ai « juste » loupé mon train, un des douaniers m’ayant discrètement remis mon fric au moment où je partais. (Pour être honnête, je pense que c’est surtout parce que la personne avec qui j’étais était en mode ultra défensif, et a insisté pour rester présent, en menaçant de prévenir qui de droit, qu’il était « citoyen de la confédération helvétique et que ca n’allait pas se passer comme ça ». Je pense qui si j’avais été complètement seule, j’aurais probablement eu droit à la G.A.V et à plus d’emmerdes.) Il a dû finir au musée des saisies ou je sais pas quoi. Après tout ce temps j’en suis encore dégoutée. Sachant qu’on m’a fouillée parce que j’avais un look gothique… (oui, les cols blancs, eux, passaient tous la douane pépouze. Dans les gens fouillés limite à poil, y’avait un hippie, un rasta. (En gros, soit des looks alternatifs, soit des personnes racisées, joker pour ceussent qui avaient les deux. Bah oui, les cols blancs ne prennent pas de drogue, c’est connu.)

J’aimais aussi beaucoup mon vieux tambour, (encore une histoire de fou…) mais la personne (hum) à qui je l’avais laissé en gardiennage pendant que j’habitais à l’étranger a fait de la merde et sa négligence a ruiné mon tambour. (Oui, toi. Sache que je suis toujours un peu fâchée même dix ans plus tard.)

Du coup, bah les objets c’est bien, mais de la façon dont je vois les choses -et par rapport à mon vécu- quand ils sont magiques, ils ont une légère tendance à vivre leur vie propre, et une fois la tâche accomplie, pouif, fini.

44. As-tu déjà fabriqué tes outils magiques ?
Ouais. Des cordes rituelles aux runes, en passant par les huiles, baumes et tout le saint frusquin. Je suis pas en mesure de tout fabriquer, mais si je peux c’est mieux.
La bouffe aussi, parce que oui, la bouffe et les offrandes ca compte, spécialement si on bosse avec Frigg / Frau Holda.

45. As-tu déjà travaillé avec des créatures magiques telles que les fées ou les esprits ?

Dans « spirit-worker » il y a « spirit ». De manière générale, je fais pas tellement la distinction ; en même temps, l’âge, les obligations et les alignements venant, je pratique plus avec des esprits « domestiques » ou limitrophes qu’avec des esprits sauvages des grandes forêts.
Les fées, en tout cas sous cette dénomination là -et non pas fluffy- oui, quand j’étais plus jeune. Je les voyais d’ailleurs. La dernière fois que j’en ai vu une physiquement  (c’est à dire pas en rêve ou en voyage), c’était il y a deux ou trois ans près du fil à linge, devant la haie, chez moi, pendant que j’étais posée pépouze à boire mon café du matin, quelques jours après Beltane.)
Par contre, là tout de suite, je serais bien en peine de vous expliquer comment je savais que l’esprit en question rentrait dans la catégorie « fée ».

Y’avait le gobelin des chiottes chez mon père. Qui était bien flippant d’ailleurs, merci le double miroir en angle. Ma sœur préférait sortir pisser dehors dans le jardin que d’aller à 3h du mat’ dans ces wawas.

46. Pratique-tu la magie des couleurs ?
La m.a.g.i.e d.e.s c.o.u.l.e.u.r.s ? Kézako ?
Alors, je connais très bien la magie jaune devant marron derrière : celle là elle fout toujours la merde. Non c’est pas ça ?
Plus sérieusement : choisir des codes couleurs pour des trucs rituels, c’est surtout pour aligner le mental et ajouter un p’tit booster. Pas obligatoire, parfois pratique si on est en « ressources limitées / temps / effort, etc ». Et c’est surtout relatif à la culture majoritaire dans laquelle on baigne.
Disons que c’est un truc auquel on peut avoir envie de sacrifier, parce que ca nous parle, parce qu’on trouve que c’est plus sympa, parce qu’on se met plus dans le mood, c’est la personne qui voit comment elle veut faire.
La magie intrinsèquement, je trouve pas qu’elle ait des couleurs, je divise pas les travaux comme ça (parce que sinon, oui, il y a quand même des grandes voies, et non on ne peut pas être bon.ne en tout).

47. As-tu ou as-tu eu un mentor ou un maître en magie ?
Alors, un mentor humain, non, pas directement. J’ai par contre eu la possibilité de croiser une personne très cheloue. Qui pratiquait, et pas qu’un peu. Le résultat du rasoir d’Ockham, c’est que oui la magie existe, y compris ses aspects les moins sympathiques.
Cette personne m’a appris quelques trucs on va dire. Y compris à coup de pompes dans le cul.

48. Quel est ton moyen de shopping favori pour les ingrédients magiques ?
Soit je peux me démerder pour les avoir de la main à la main / les faire pousser / cueillir / etc. Sinon internet et un moyen de paiement ca règle la question. Même pas besoin de sortir et de parler à des gens. (vu que je trouve pas ça en boutique par chez moi d’une part, de deux les boutiques ésos « classiques », je trouve qu’on s’y sent souvent un peu soit jugé soit pris de haut soit catalogué… et c’est/c’était souvent uniquement des trucs New Age / les anges / etc.). 7

49. Crois-tu au destin ou à la prédestination ?

A l’örlög et le wyrd, qui sont un peu différents. J’ai la flemme de me lancer dans une grande explication ici et maintenant.

50. Que fais-tu pour te reconnecter quand tu te sens décalée par rapport à ta pratique ?
Je fous tout le monde dehors.

51. As-tu déjà vécu des expériences surnaturelles ?
C’est arrivé je crois bien. 

52. Quelle est ta plus grosse bête noire en magie ?
Les reel instagram pour nous apprendre à être une vraie sorcière ?

53. Aimes-tu l’encens ? Si oui, quelle est ta fragrance favorite ?
J’aime bien l’encens en résine, genre l’opoponax et plein d’autres, mais j’ai plus le droit d’en faire brûler chez moi, sauf de manière très très occasionnel. Snif.
54. Gardes-tu un journal de tes rêves ?

Oui, je le garde précieusement. J’avais aussi un blog privé sur lequel je les détaillais, ce qui me permettait de pouvoir les faire lire facilement (et parce que vu les rêves à tiroirs, ca prends des plombes à décrire.) Aujourd’hui, c’est souvent un sms ou un mail à une amie chère, parfois quelques mots en style télégraphique, vu que j’ai pas franchement le temps le matin. Beaucoup se sont fait mangé par les trouze mille réveils nocturnes au passage.

55. Quel a été ton plus gros désastre en magie ?
Quelques fumbles qui se sont fini en « Putain Kitsu, on ne fait pas ça, jamais. ON NE FAIT PAS CA, JAMAIS ! »

56. Quelle a été ta plus grande réussite en magie ?
Ca dépend de ce qu’on appelle une réussite. Ca dépend des paramètres de la question : est-ce que c’est « j’ai voulu faire ça et j’ai eu ça » (parce que pas certaine que ce soit toujours une réussite) ou est-ce que c’est un alignement plus subtil ?
Bon allez, je vais citer une anecdote de « réussite en matière d’écoute de la Brochette ». Je devais aller faire mon passeport pour émigrer. Genre ca urgeait. Aller dans une mairie pour refaire ses papiers, ou toute procédure visant à => gros gros gros trauma familial + bien mauvais souvenirs = c’est l’Everest en tong option crise de panique/anxiété. Hors ce jour là, d’un coup, j’ai comme une voix dans ma tête qui me fait « va à la mairie faire ton passeport. Maintenant ». Moi « nan, un café et une clope et demain, et tout à l’heure et… » La Brochette « Non, maintenant. Tu pars, MAINTENANT ». Je trouve ca con mais je prends ma pochette et je pars vu que ca braille.
J’arrive au guichet de la mairie, où la meuf me tire la tronche et m’explique que non, ca marche pas comme ça madame, faut prendre un rdv en ligne etc, qu’il y a une attente ». Puis dans la foulée elle rajoute « mais vous avez une chance folle, parce que là, très précisément dans 2 minutes, il y a un créneau de libre suite à une annulation. Il aurait pas fallu arriver dans 5 minutes Madame ».

Voilà.

C’est complètement con, mais c’est très très utile au quotidien (spécialement avec des troubles anxieux.)

57. Qu’est-ce qui, dans ta pratique, te fais te sentir idiote ou embarrassée ?
Ma percevalite aigüe ? Je veux dire : je raconte des trucs qui ont l’air obvious pour tout le monde, et tout le monde ne bite pas pourquoi je ne bronche pas. Basiquement, je décris en détail l’éléphant dans la pièce sans comprendre que le truc est dans la pièce. Et là, 10 000 ans plus tard, je fais « ah mais en fait, y’a pas un rapport avec l’éléphant qui est là ? Et depuis combien de temps il est là lui ? J’avais pas compris ca comme ça ». Et c’est le face palm collectif. Perceval power. (Accessoirement, c’est aussi parce que je refuse tout montage en chantilly de certains trucs, du coup ca met beaucoup beaucoup de temps de pour réaliser que nooooon, c’est pas dans ma tête.)

58.  Crois-tu que l’on peut être athée, catholique, musulman ou d’une autre foi et être tout de même une sorcière ?
Alors, la sorcellerie, c’est pas synonyme d’être « wiccan » ou whatever hein. Donc oui sur le plan culturel / pratique / fonctionnel.
Par contre, au niveau stricto sensu du catéchisme de l’église catholique (dernière édition 1992 de mémoire, quoique qu’avec le François, devrait y avoir une nouvelle version mais j’ai la flemme de chercher), techniquement, on ne peut pas être un « bon catholique » et faire tout un tas de trucs, notamment pratiquer le tirage des cartes, la sorcellerie, etc.
Après, est-ce qu’au niveau syncrétique c’est possible ? Oui.
Est-ce qu’on peut inclure des saint.e.s et des divinités anciennes dans sa brochette ? Ca peut.
Est-ce que c’est « conforme à l’éthique » : du côté catho stricte, non.
Est-ce que les ancêtres le faisaient ? Certain.e.s oui.
Est-ce que l’équation « les ancêtres le faisaient » est toujours synonyme de truc à faire / à pas faire / bref est fixable comme un x dans une équation ? Non.
Est-ce que je juge les gens qui font les deux ? Non.

59. Te sens-tu parfois mal à l’aise, peu sûr ou même effrayé par la pratique des charmes ?
(Ca sent la traduction cheloue cette phrase.) Effrayée non. Par contre, réfléchir avant d’agir c’est globalement une bonne idée, domaine sorcellerie ou pas. C’est comme avant de changer une ampoule, tu fais gaffe à pas avoir les mains mouillées et si possible à éteindre avant.

60. T’es-tu jamais tenu à un standard dans ta sorcellerie tout en sentant que tu pourrais ne jamais l’atteindre ?
En sorcellerie je sais pas, en revanche, mon étoile du berger en terme d’écriture de trucs sur le Vieux, c’était la thèse de Gundarson. Et pas la version « adaptée pour les polythéistes », la vrai. Jusqu’à ce que quelqu’un de sagace et avisé me fasse remarquer que j’avais pas besoin d’écrire l’équivalent d’une thèse de l’université de Cambridge pour que ca en vaille la peine (d’ailleurs, en fait, y’en a même eu plusieurs qui m’ont dit la même chose). Y’a des comparaisons qui nous motivent à monter le niveau et à nous dépasser. Et y’a qui nous plombent et nous paralysent. Parfois la frontière entre les deux est mince.

61. Y a-t-il quelque chose, relatif à la sorcellerie, que tu désirerais maintenant ?
Du temps dans une maison vide ? Que nous puissions enfin vivre dans la maison-vraie-maison pour entretenir des liens avec ma terre.

62. Quelle est ta rune favorite ?
La rune « Ké-naze », comme cette question. Allez, on va dire que j’ai un petit kink pour Ansuz.

63. Quelle est ta carte de tarot favorite ?
Alors niveau esthétique du dessin, ca dépend du deck.
Pour tout le reste, je m’en fous.

La communauté païenne est-elle dangereuse ?

Note : J’utilise le terme « communauté(s) païenne(s) », abrégé(s) en CP au fil de l’article, pour désigner les personnes, groupes, associations et autres gravitant autour du (néo)paganisme. Ceci afin de simplifier les propos.
Il est question ici de la France, pour des raisons évidentes.
Je remercie chaleureusement les deux personnes qui ont accepté de relire cet article et m’ont fait part de leurs observations. Le sujet pouvant être épineux, je souhaitais avoir un avis extérieur avant toute publication. 

[A lire avant d’entrer dans le vif du sujet]

⇒ Cet article trouve son origine dans un rapide échange avec deux personnes, échange au cours duquel une des personnes expliquait avoir toujours fait preuve de la plus grande méfiance avant de « mettre son pied quelque part dans la CP », tandis que l’autre, ayant une approche différente, demandait quelle pouvait être la nature de ces dangers.
Après avoir répondu rapidement, je me suis demandé « pourquoi ». Pourquoi est-ce une question que l’on se pose / doit se poser ? Qu’est-ce qui dans la façon dont les choses fonctionnent, dont les gens se croisent peut augmenter -ou parfois réduire- les risques ? Comment présenterai-je le tout si le moi d’il y a vingt ans venait me poser cette question ?

⇒ Il a des airs « Captain Obvious », parce qu’il a été écrit dans le but d’essayer d’expliciter les mécanismes qui sous-tendent la/les CP, d’en comprendre les bases de fonctionnement et de ce qui en découle. A aucun moment, il n’est destiné à être autre chose que généraliste, et ne prétend pas être une vérité complète et absolue. J’ai essayé de l’écrire en restant factuelle autant que je pouvais.

⇒ Je ne rentre pas dans les détails de tout ce qui « peut survenir dans les cas les plus dramatiques » ni ne donne d’exemple ouvertement explicite quant aux abus. Pourquoi ? Parce que certaines personnes ayant vécu des traumas similaires peuvent les voir se réactiver, d’où la mention de plus en plus fréquente de « trigger warning », qui est un minimum quand on aborde certains sujets, et que le but, justement, c’est de faire de ce pavé une lecture accessible au plus grand nombre.

⇒ Bien que quelques exemples de red flags soient glissés au fil des mots, le but n’est pas ici, spécifiquement, d’en dresser une liste.

⇒ « Tu fais chier, c’est un pavé ton truc. » Oui, vu la nature du sujet, je me voyais mal le couper en deux ou trois parties. (Ça aurait été parfait pour du putaclic remarquez).

1/ Considérer la base

Premièrement, et pour essayer de poser une base, le socle des communautés païennes ne repose pas exactement sur le même que celui, disons d’une communauté se regroupant autour du tricot.
S’il y a, et qu’il doit y avoir, des bases communes au niveau du comportement admissible / non admissible, puisque nous évoluons au sein de la même société (occidentale du XXIe siècle) et que nous sommes régis par les mêmes lois (enfin, en principe), les raisons de la présence d’une personne et les sujets abordés sont bien évidemment très différents.

Il y a, chez les païens, non seulement une foultitude d’histoires et de parcours personnels mais on y aborde également des sujets qui sont plus généralement passés plus ou moins sous silence, parce que non pertinents ou alors seulement spécifiques dans certaines communautés « de niche ». J’explicite :

→ Pour reprendre l’exemple du tricot, il n’y a pas besoin d’aborder des thèmes comme la mort (bien que le sujet puisse éventuellement, on peut l’imaginer, survenir de manière épisodique pour X raisons.) Ce n’est pas ce qui va préalablement orienter les personnes VERS la communauté « tricot », même s’il n’est pas possible d’exclure que cela puisse être le cas pour certaines personnes ou que cela ait joué un rôle dans leur parcours.

→ D’autres communautés qui vont aborder certains de ces thèmes (par exemple celui du deuil périnatal) vont le faire spécifiquement dans cette optique. Il est rare que des individues (oui, au féminin) aillent spontanément vers ce type de communauté sans y être confrontée (de manière personnelle / directement autour d’elle / en tant que professionnelle), même si cela arrive, mais dans les faits, c’est globalement -et malheureusement- plutôt rare.

a) Des sujets liminaux

Plus qu’une seule communauté, il est pertinent ici de distinguer grossièrement deux parties dans la CP : celle qui se regroupe davantage autour des axes de la sorcellerie / pratique magique et celle qui est plus axée dans une relation -parfois non personnelle- avec les divinités. L’étendue des sujets abordés couvre un très large spectre. Ce n’est pas la même chose d’essayer de reconstruire le plus factuellement possible une religion antique, de pratiquer certaines formes de sorcellerie ou de magie avec possiblement des rituels spécifiques autour d’une initiation / de pratiquer les Arts divinatoires et j’en passe.
Sachant que dans les faits, ces « axes » ne forment pas des isolats impénétrables et qu’il est possible de cocher plusieurs catégories. Certaines des problématiques et des risques exposés dans cette partie concernent un peu plus spécifiquement la CP « sorcière », bien que la partie « polythéiste » puisse être également concernée.

Au cœur des communautés « sorcière » et « polythéiste », on retrouve toute une série de sujets liminaux par rapport à la société globale dans laquelle nous évoluons. On ne parle pas de sport(s) ou d’aquarelle, on parle de transe, de possession, de divinités, de leurs présences, de trauma, de recherche de guérison, de communication avec la nature, de sexualité, de prise d’enthéogènes, d’empouvoirement… pas vraiment des choses dont il est possible de discuter avec le tout-venant entre deux portes. Aussi passionnants soient ils, ce ne sont pas des sujets anodins et sans conséquences.
Nous venons tous avec nos bagages personnels, notre vécu, et nous avons chacun.e notre propre cheminement, des sujets auxquels nous sommes davantage sensibles que d’autres.

Le corollaire plus sombre de ces aspects liminaux, c’est notamment toute la thématique liée aux gourous, aux abus de toutes sortes et à la possible fragilité / crédulité de certaines personnes, par exemple en raisons de traumas passés.
Enfin, il existe aussi des gens qui viennent à emprunter ces chemins, soit avec des intentions qui les rendent possiblement nuisibles pour d’autres, soit qui au fur et à mesure de leur pratique, de leurs fréquentations et de toute une pléthore d’autres facteurs, vont devenir dangereux. Ce n’est pas le cas le plus fréquent, mais croire que ces personnes n’existent pas est une erreur.
Il y a ceux qui mentent et vont essayer de fourguer de la camelote (physique ou spirituelle) et qui le font sciemment dans le but d’arnaquer (tous ne font pas partie de la CP, certaines personnes profitant « juste » de l’étiquette pour le marché juteux qu’elle attire. Cependant et bien qu’étant externes, ils font partie des problèmes que l’on peut rencontrer « de l’intérieur ».)
Parfois, certains aspects peuvent être perçus comme sulfureux, par exemple la pratique de la nudité rituelle (skyclad) et dans les faits, n’être pas problématique au sein d’un groupe. Parce que toustes celleux qui en font partie sont clean sur la question et ont un comportement approprié. Pour autant, le groupe peut être « clean » sur la question de la nudité rituelle, mais pas sur d’autres plans, ce qui peut s’avérer tout aussi problématique, mais qui sera peut-être, au moins dans un premier temps, moins perceptible.
Pour reprendre l’exemple du skyclad, d’autres groupes peuvent effectivement avoir en leur sein une personne qui a tendance à « mater », voire à commenter ensuite à guichet fermé. (Je n’évoque pas de problématique plus explicite, parce que je pense que le tableau de potentialité est suffisamment évocateur.) Une des réactions peut être de se dire « oh ben ça va, si ça n’en reste qu’au matage, y’a pas de quoi fouetter un chat ». Alors, vous pouvez être concerné.e et ne pas vous en soucier, ce qui est votre liberté la plus stricte. La ou les personne(s) concerné.e.s peut/peuvent être très mal à l’aise voire plus. Cela peut aussi, plus sournoisement, progressivement vous « insensibiliser » à des comportements qui ne sont pas acceptables.
J’explique, en reprenant l’analogie de la communauté de tricot évoquée plus haut.

→ Dans un club de tricot, en général, on ne se met pas nu.e pour tricoter. Dans certains rituels au sein de certains groupes de la CP, c’est une possibilité. Déjà, les « bases » de ce qui est « acceptable » ne sont pas les mêmes.
Qu’on le veuille ou non, il y a déjà un « brouillage » par rapport à ce que l’on peut connaître dans la vie de tous les jours. Alors si ces moments, où nos points de repères habituels ne servent plus, s’avèrent en plus entachés de comportements ou de problématiques qui n’ont rien à y faire, le risque est de considérer cela comme étant en fait « normal » et non pas « problématique ». Et d’accepter de plus en plus de situations qui seraient autrement perçues comme largement abusives / risquées avec éventuellement une escalade dans la gravité des situations abusives.
L’autre aspect risqué, c’est de n’avoir jamais été en position de questionner / de ne pas s’être rendu.e compte qu’il y avait de facto un énorme problème, et de finir par se retrouver en position où l’on peut devenir la personne abusive.

J’ai pris l’exemple du skyclad, parce que dans les années 2005, c’était vu comme très très sulfureux. D’autant qu’on ne trouvait pas d’informations ou très peu, et qu’il y avait peu d’endroits où poser des questions ou avoir un back-up pour checker si c’était sain et normal ou pas. Ce n’est bien sûr qu’un exemple, et ce type de schéma peut s’adapter à bon nombre de pratiques.

En parlant de pratique, une autre question se pose : où s’arrête une pratique saine et où commence une pratique malsaine ?
Si on se cantonne à l’aspect purement humain, c’est déjà compliqué de savoir à quel moment une relation devient toxique (qu’elle soit amoureuse, professionnelle…) ou quand nous sommes dans une situation de violence (notamment quand la pratique est banalisée par le milieu au sein duquel on évolue, je pense par exemple aux pratiques de management de certaines entreprises), alors comment on fait quand on est en présence de pratiques comme les rituels de possession ? Les transes ?
Comment sait-on si c’est vraiment le rituel qui part en couille ou si c’est la personne qui va utiliser ce biais pour profiter de son niveau d’influence sur les autres ? Comment fait-on vérifier ? Par qui ? Il n’y a pas d’instances, de spécialiste(s) neutre(s) avec un diplôme. On peut trouver des personnes non directement concernées et extérieures à la question, mais là aussi, on les trouve comment ? Par le bouche-à-oreille ? Dans une communauté plus développée et différente ?
Je n’ai pas de réponse toute faite à ces questions, mais cela fait partie des aspects à garder en tête et d’y réfléchir, sans doute avant même de commencer à rencontrer un groupe ou autre. Comme me l’a soufflé très justement une des personnes qui a relu cet article : « quand on commence à se poser des questions, ne pas évacuer les choses du revers de la main. On ne se questionne jamais à partir de rien. »

Enfin, et si je ne rentrerai pas dans les détails au fil de cet article, oui, la pratique de la magie / des rituels / du seiðr… de ce que vous voulez, n’est pas sécuritaire. Oui, on peut se ramasser des bricoles. Même des rituels censés être positifs / bénéfiques pour une communauté peut avoir « un bug » pendant qu’il est performé et devenir l’inverse de ce qu’il était censé être.
Certaines pratiques semblent plus risquées que d’autres, mais dans tous les cas, le risque zéro n’existe pas.
D’où, je pense, l’importance d’essayer de comprendre, de décortiquer, de pouvoir échanger, questionner, évoluer… Quand on arrive, et que l’on a peu ou pas de points de repères fixes, comment on fait pour savoir si une pratique est légitime ? Si c’est vrai ? Si le groupe est sain ou pas ?

 

2. Un « monde païen » qui n’est pas « du monde »

Pour ne pas alourdir mon pavé, je ne retracerai pas l’histoire de figures comme celle de la Sorcière, ni ne raconterai l’importance du groupe et des risques qu’il y a/avait à se trouver « à la marge » ou à être « une minorité », supposant que chacun.e possède un minimum de représentation quant à ces sujets.
Tout ceci pour dire qu’il y a déjà une double caractérisation dans la CP sorcière et non sorcière : premièrement une variation plus ou moins grande par rapport à la norme* sociétale française contemporaine (descendant directement des Lumières, qui n’a quand on creuse, de Lumières que le nom…) mais aussi un certain historique d’opposition par rapport à cette norme*. [« Norme » désignant ici « ce que l’on retrouve le plus souvent / le postulat généralement présupposé faute d’informations complémentaires.]
Par « opposition » je n’entends pas ici un rapport de lutte (bien qu’il puisse coexister), mais plutôt deux constructions différentes qui bien que pouvant être proches, se distinguent de manière marquée, un peu comme dans un tableau. Que ce soit de manière consciente ou inconsciente, on note souvent cette marque dans de nombreux ouvrages ou témoignages : la marque d’une différence ressentie, de la recherche d’autre chose, d’une conscience que d’autres ne semblent pas avoir.

Cette opposition, couplée à d’autres facteurs qui ne sont pas propres à la CP (notamment l’impossibilité de pouvoir/devoir expliquer une partie de la nature du groupe / du rite, l’attitude potentielle de la police / des gendarmes, la peur d’être pris.e de haut -fondée ou non-, la difficulté d’arriver à porter plainte, la complexité des fonctionnements judiciaires,  et j’en passe) peut finir par favoriser un processus d’isolement.
Ce processus va par exemple, contribuer (je dis bien contribuer, parce que ce n’est pas un seul facteur qui entre en jeu) à empêcher les gens d’agir face à certains types d’abus voire de violence(s). Plutôt que de faire intervenir des gens situés à l’extérieur du groupe (type médecins, police, etc), le groupe essaiera de régler « ça » de manière « privée » (quand il le fait). Je souligne que ce n’est évidemment pas uniquement une question « de volonté » parce qu’en fonction des potentielles réactions que l’on a rencontrées au cours de nos vies, du soutien ou de l’absence de soutien, des peurs et des enjeux potentiels qui seront différents pour chacun.e, mais aussi des processus d’emprise, cela dépasse la simple question lâcheté / courage telle qu’on la voit souvent décrite de façon binaire.

Et si nous, nous nous considérons comme étant « du monde », parce que par exemple, nous sommes simplement « polythéiste soft », c’est le monde qui considérera que nous n’en sommes pas. On peut trouver différents degrés d’acceptation, validation et autres, mais à un moment donné, plus ou moins haut, cela risque de coincer (je pense notamment aux systèmes judiciaires, aux enquêtes sociales et j’en passe). Les structures et le poids des PC actuels ne nous permettant pas -encore- d’être autre chose qu’une minorité non influente. 

Des structures extrêmement mutables et diverses

Rares sont les groupes stables et nombreux. Ils sont même davantage des exceptions plutôt que la règle. La majorité des groupes existant se composent d’un petit nombre de personnes qui évoluent librement sans structure fixe ni de cadre légal, (a contrario d’une association qui doit avoir un statut enregistré et des membres désignés pour les fonctions administratives) leur longévité est variable.
On retrouve aussi quelques très rares associations françaises.
Ainsi, on a des personnes majoritairement isolées (voire des petits groupes informels) éclatés sur le territoire, avec des poches de concentration suivant les zones / type de pratique.
On a donc, nonobstant la diversité des pratiques religieuses / spirituelles / magiques, une constellation de groupes qui peuvent avoir des politiques de base et des règles de fonctionnement très différents les uns des autres, pour le meilleur comme pour le pire. En général, la plus universelle concerne la non admission de personnes mineures (ou alors pour le cas d’association, avec une autorisation signée de la part d’un représentant légal). Pour tout le reste, c’est à l’avenant et pas forcément toujours simple d’avoir certaines réponses, notamment parce que la majorité… n’ont pas forcément eux même idée de quelle attitude adopter sur place si tel ou tel truc ne se passe pas du tout comme prévu.

Ces groupes sont généralement relativement difficiles à trouver si on vient de l’extérieur et qu’on essaie de démarrer par une classique recherche google, même si ces dernières années, le développement des réseaux sociaux a fait changer la donne : ainsi le bouche-à-oreille se fait aujourd’hui énormément par ce biais : groupes FB, pages insta et autres. Certains sont publics, d’autres très confidentiels.

Ces groupes évoluent rapidement que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Les gens vieillissent et n’ont plus le temps de prendre part à des événements spécifiques, ou alors déménagent. La structure aussi bien que les participants changent. Retrouver la trace d’un ancien groupe, des traces de son existence, des archives ou avoir des confirmations d’autres personnes peut s’avérer une gageure.

Enfin, beaucoup sont surtout des groupes d’ami.e.s qui pratiquent ensembles et n’ont donc logiquement pas ou rarement d’autre « porte d’entrée » que le cercle de relation.

En fonction des sujets / thématiques / axes de pratique, il est légitime que certains type de groupes n’aient pas nécessairement vocation à accueillir du monde de manière ouverte, ni à être trouvable : de ce point de vue-là, il n’est pas possible de comparer un groupe à visée reconstructionniste et un groupe qui pratiquerait certaines formes de magie.

3. Des identités polymorphes

Les réseaux sociaux mentionnés au paragraphe précédent sont souvent une donnée très appréciable autant pour les nouvelles générations -qui ne sont plus seul.e.s dans leur piaule à planquer un livre sous le matelas en cachette- que pour les plus anciennes, puisqu’on a la possibilité d’échanger, de confronter nos points de vue, de pratiquer nos rites et nos rituels, bref qu’on a la possibilité d’accéder, ne serait-ce que virtuellement, à une communauté relativement diversifiée pouvant partager informations, ressources, et tant d’autre choses positives.

Cependant, toute médaille a son revers, et c’est devenu aussi plus difficile de savoir exactement où on débarque ; même en sachant que popularité et qualité ne vont ni de pairs ni ne sont antagonistes, c’est une véritable jungle -spécialement quand on débute- pour parvenir à trier l’information et y dénicher ce qui est pertinent par rapport à son cheminement personnel. La qualité des contenus est très variable, non seulement d’une personne à une autre, mais aussi suivant les sujets abordés : une personne offrant du contenu en ligne qui peut être très bon sur certains axes, moins sur d’autres.

Enfin, sur les réseaux, il est facile de changer d’identité. On efface tout et on recommence avec une nouvelle interface, un nouveau design et un nouveau pseudo.
C’est aussi possible IRL quoique moins fréquemment : comme la « population » change, que des nouveaux arrivent, on se fait oublier, on monte un nouveau groupe, un nouvel atelier et pouf. La dynamique des groupes, sans parler des « Amicales de Pratique », fait qu’il faut bien connaître les gens pour avoir des informations fiables sur qui se trouve derrière tel ou tel nouveau truc qui a fait pop.

Par manque de place, je ne détaillerai pas le fonctionnement des nouveaux réseaux sociaux, de plus en plus spécifiques, avec un algorithme difficilement compréhensible et dont les règles changent extrêmement fréquemment, rendant quasi-obligatoire la fréquence toujours plus importante non seulement des publications / vidéos mais également différents types d’échanges avec sa communauté / d’autres internautes. D’où la multiplication de tendances en cascade mais aussi des clashs plus ou moins vrais, pour générer de l’affluence. Pourquoi en parler ? Parce que ces nouveaux réseaux favorisent et contribuent à créer une fausse sensation d’intimité avec le compte suivi/ /  des sensations de comparaisons délétères pour l’estime de soi / des phénomènes de harcèlements prenant des proportions toujours plus importantes et j’en passe.

Concernant l’identité sur internet / dans la CP, si les raisons de base sont tout à fait compréhensibles et prudentes, à savoir une certaine discrétion -hautement nécessaire pour certaines professions-, la volonté de ne pas afficher publiquement ses croyances, choix personnels, etc. Il ressort néanmoins que c’est difficile d’avoir un aperçu juste et complet du nombre de pratiquant.e.s, de la composition d’un groupe, de l’identité personnelle (« civile » ou « paganisée » du moment qu’elle est stable, c’est à dire qu’elle ne change pas tous les quatre matins) et donc de pouvoir clairement se prémunir de certaines personnes abusives / de les empêcher de revenir après une éventuelle éviction d’un groupe / d’éviter à des gourous et autres de remonter leur arnaque.

En cas de problèmes du type abus, harcèlement, violences et j’en passe, cela complexifie considérablement les signalements ou les recours (sauf dans les associations où il est normalement possible d’en référer au bureau qui doit, en principe, prendre les mesures appropriées.)
En général, une personne équilibrée dans sa pratique et qui essaie d’avoir un fonctionnement sain ne ressent pas le besoin de changer de pseudo, ou de se créer une nouvelle identité tous les trois mois ou après un énième pétage de câbles, et ce de manière répétée, en effaçant à chaque fois les traces de l’ancienne. (Je ne parle pas ici de la personne qui s’inscrit sur un forum ou sur un discord avec un pseudo, et qui en utilise un autre sur FB.)

La/les CP sont de petites communautés, et plus rares sont celleux qui y restent de manière « active » pendant une voire deux ou trois dizaines d’années. Rares tout court sont celleux qui s’impliquent pour faire quoi que ce soit de concret (se rendre à un blot, organiser un groupe IRL, un atelier en ligne…) me dit-on dans l’oreillette.
Conjugué à une partie de ce qui a été énoncé au point b) un monde païen qui n’est pas « du monde », on peut également assister à un processus d’intériorisation extrêmement toxique : autrement dit, on ne parle pas à « l’extérieur » des problèmes que l’on rencontre dans la CP, pour ne pas « menacer » cette même communauté. (Et en même temps, quand on voit déjà le sort réservé aux enfants qui dénoncent l’inceste et aux mères protectrices, on a envie de dire « comment vous voulez faire ? »)
A noter que ce n’est pas « un choix » qui est « conscient », mais plutôt une zone bien grise au milieu d’une autre zone bien grise. Si on parle, comme il n’y a pas de « politique officielle païenne » ou « d’instances régulatrices », c’est un peu « au petit bonheur la chance » en fonction d’où on parle, de qui on est, et des « bonnes relations », ainsi que de la nature même de ce qui peut être problématique (et là on en revient au point a) des sujets liminaux).

[Deuil périnatal] Trame de blót à Frau Holda pour honorer un bébé décédé

[TW : comme le titre le précise explicitement, j’aborde ici la question du deuil périnatal, et propose une trame de blót pour honorer leur mémoire. Si vous êtes concerné.e.s et que vous ne souhaitez pas lire le blabla, je vous invite à scroller jusqu’au gros titre ◊ Déroulement du blót ◊]

Le 15 octobre est la journée mondiale du deuil périnatal, c’est à dire concernant les bébés morts avant la naissance (MFIU, IMG, etc) ou dans la période juste après. Cette période varie en fonction des définitions, celle de l’OMS par exemple, comporte les décès entre la 22e semaine d’aménorrhée et le 7e jour après la naissance.
Évidemment qu’ici, on s’en fout, parce qu’on ne va pas débattre autour des limites médicales pour la prise en charge, ou toutes les questions administratives qui vont avec.

⇒ * Dans le texte de l’article, j’emploie le mot bébé pour des raisons de simplification stylistique. Il est bien évident que le stade d’avancement biologique n’est pas la même pour un fœtus de 5SA et un bébé mort à 7 jours de vie. Cependant, la question des ressentis / vécus est hautement sensible en plus d’être très complexe, variable d’une personne à l’autre et parfois même pour la même personne. Bref, merci de me coller aucun « biais idéologique » parce que j’emploie directement ce terme au fur et à mesure des lignes qui vont suivre. Si pour une raisons ou une autre il vous gêne, remplacez-le. *

Ce que je vous propose ici, c’est une trame de blót à Frau Holda pour ceussent qui souhaitent honorer la mémoire de ces enfants. Ce n’est qu’un axe, et il va de soit que vous pouvez le reprendre et l’adapter en fonction de votre besoin.

Pour faire simple :

Ce n’est pas un sujet « populaire » au sens où typiquement ca fait fuir tout le monde, mais c’est malheureusement un sujet auquel on peut toustes être confronté : soit de manière directe en le vivant, soit par le biais d’un proche, soit parce qu’enfant on a été touché soit en faisant partie de la fratrie concernée, soit par le biais d’un autre enfant. Dans ce dernier cas, bien souvent, les adultes sont tentés de penser qu’on oublie, ou alors qu’on ne s’est pas vraiment rendu compte.

Ce n’est pas parce qu’on se met la tête dans le sable qu’on en sera préservé. Ce n’est pas parce qu’on en parle que ca nous tombe dessus. Ca, c’est de la pensée magique nuisible. Le plus gros risque que vous prenez en vous informant au moins un minimum (si vous n’êtes pas directement concerné) c’est éventuellement d’être moins maladroit (j’ai pas dit plus à l’aise) au cas où vous rencontrez un parent endeuillé et/ou de faire preuve d’un tout petit peu d’empathie.

A qui s’adresse ce blót ?

En priorité, à toutes les personnes asatrù / nordisantes / polythéistes (principalement pour des raisons de connaissances des fonctionnements rituels / divinités et autres questions pratiques non développées dans cet article. Ceci étant, si vous ne l’êtes pas et que vous souhaitez tout de même le faire, rien ne l’interdit tant que la cohérence est respectée : ainsi, on n’honore pas une divinité romaine -par exemple- pendant un blót)… qui souhaitent rendre hommage à des bébés* (voir plus haut pour l’usage de ce terme) morts, quelques en soient les raisons (je pars du principe que si vous souhaitez faire ce blót et sentez qu’il fait écho à un besoin en vous, vous n’avez probablement pas besoin ni envie qu’on rentre dans des débats sémantiques.)  Cela peut être pour des parents ou des proches, pour une de vos ancêtres dont vous savez qu’elle a vécu ce genre de situation (les histoires familiales abondant de ce type de récits, souvent transmis entre deux portes, par hasard, véritables bombes d’émotions et de chagrins encore bruts dans la mémoire de celle qui se confie, chagrins transmis, parfois de générations en générations et dont on peut ne pas savoir quoi en faire).

Qui est Frau Holda (Dame Holle) ?

Déesse plus spécifiquement germanique, elle est parfois également présentée comme étant Bertha ou Perchta (pour faire simple). On disait que les bébés provenaient du bassin de Frau Holda et que ceux qui étaient morts y retournaient. Figure bénévolente, elle les protège et les accueille, et est donc une déesse particulièrement adaptée dans le cas de ce blót.
Si vous souhaitez rester spécifiquement dans le panthéon nordique, il est possible de remplacer Frau Holda par Frigg, leurs attributs et leurs fonctions étant très proches.

◊ Déroulement du blót

En partant de la trame « New Modern Blót », j’ai choisi d’aller au plus simple, pour qu’il soit le plus facilement accessible pour tout le monde et facile à mettre en place, y compris pour des personnes n’ayant pas l’habitude de ritualiser, mais il est tout à fait possible de l’adapter pour en faire un rituel plus sophistiqué / de groupe (vous pouvez vous référer au lien dans la section des sources à la fin de l’article).
De même, je l’ai écris en pensant à celleux qui vont ritualiser en intérieur, considérant que c’est plus facile d’adapter dans le sens intérieur => extérieur que l’inverse. ;

Ce qu’il faut prévoir :

[Note : Vous n’avez pas besoin de matériel sophistiqué ou de dresser un autel compliqué, sauf si vous le souhaitez. Peut-être avez vous un espace dédié avec des photos de votre enfant et des objets spécifiques, ou une boîte dans laquelle vous avez rangé les souvenirs relatifs à son existence. Vous pouvez soit utiliser cet espace pour le blót, ou vous en servir pour dresser l’autel.]

– Une offrande pour Frau Holda (du lait, de l’hydromel ou un vin doux par exemple)
– Deux bougies (une pour l’autel, une autre qui servira pour allumer la bougie d’autel).
– De l’eau fraîche
– Deux bols : un pour verser les libations, un pour l’eau qui servira à se purifier.

1. Dresser l’autel avec des photos / objets qui évoque le(s) bébé(s), le bol à offrandes et la bougie. Si, pour une raison ou pour une autre, vous n’avez rien qui lui/leur soit directement relié, vous pouvez mettre son/leurs prénom(s) et nom(s) sur un morceau de papier, ou les nommer (par l’exemple « les enfants de ma grand-mère qui n’ont pas vus le jour » ou tout autre formulation qui vous paraît juste et adéquate par rapport à la situation) ou encore trouver un symbole qui les représente. Placer aussi un symbole qui évoque Frau Holda (quelques-uns de ses attributs : le lin (des graines de lin, un tissu ou du fil de lin…), le sureau, la faucille, le fuseau, les couleurs bleu et blanc -le brun et les tissus « bruts » sont aussi très utilisés-, des babioles représentant l’hiver ou des figurines représentant un bébé, des plumes blanches, les oies, les chats.) Si vous n’avez rien, il est aussi possible d’imprimer une image représentant Frau Holda (j’en ai compilé quelques unes ici).

2. Préparer la ou les offrandes à proximité de l’autel.

3. Préparer le bol d’eau (relativement grand si possible) et une lingette propre. Il est préférable que ce ne soit pas juste à côté de l’autel.

4. Allumer la bougie de « départ », qui servira à allumer la bougie rituel.

5. Faire trois fois le tour en cercle autour de l’autel avec la bougie de « départ » allumée (ou autour de l’espace au sein duquel vous allez pratiquer si l’autel est contre un mur) . Vous pouvez chanter ou réciter une formule / prière de bénédiction/ purification si vous le souhaitez.)

6. Rincez vous les mains et le visage avec l’eau du bol (pas besoin d’un grand nettoyage si vous êtes en intérieur, cela peut rester léger et symbolique). Essuyez-vous avec une lingette.

7. Prière / invocation à Frau Holda
(Cette prière /invocation est bien entendu une suggestion qui peut-être remplacée par la votre. J’ai mis entre parenthèse certains mots : la tournure « Notre-Dame » pouvant, selon les personnes, perçue très différemment avec des contextes différents.)

Frau Holda
(Notre) Dame du puit,
Protectrice
Des enfants non nés,
des enfants à naître,
et de ceux qui te sont retournés.
(Notre) Dame sous la terre
Gardienne des âmes,
passées et à venir.
(Notre) Dame du Foyer
Accueille en ta Demeure,
Au cœur de la nuit,
Au cœur de l’hiver, 
Ce(lle)ux qui retournent chez Toi. 
Et reçoit les au chaud sous ton toit. 
Frau Holda,
(Notre) Dame du Puit
Gardienne de la Source
(Notre) Dame sous la Terre
(Notre) Dame du Foyer.

8. Consacrez les offrandes à Holda, demandez lui de veiller sur les bébés auxquels vous souhaitez rendre hommage. Vous pouvez, si vous le souhaitez, leur transmettre un message (verbal ou choisir d’écrire quelques mots etc), leur parler, jouer un instrument de musique, chanter. etc.

9. Versez ou posez les offrandes dans le bol rituel.

* * *

TRAME DU BLÒT TÉLÉCHARGEABLE EN PDF

* * *

lectures connexes

• Concernant le deuil périnatal vous pouvez consulter notamment (ressources non exhaustives) :
AGAPA
Petite Emilie (qui concerne plus spécifiquement l’IMG, c’est-à-dire l’Interruption Médicale de Grossesse.)
Le compte insta de Julie @a_nos_étoiles
Au revoir Podcast – Animé par Sophie de Chivré

* * *
Goddess Holle: In search of a Germanic goddess
, GardenStone
La trame de blót de The Troth (consultation possible en français). La trame de blót utilisée ici est celle du « New modern », qui contrairement à ce que l’on pourrait supposer, est plus proche de ce que les sources anciennes semblent décrire, contrairement au « classic » qui est dérivé pour une bonne part de la wicca. Au risque de me répéter : rien ne vous interdit de réécrire complètement ma proposition en vous basant sur l’autre trame si elle vous parle davantage.

[Miscellanées] Witchcraft Asks 2/5

22. As-tu un autel ?
Oui. J’en ai même eu plusieurs en même temps. Un dans l’entrée pour Hécate et l’Esprit de la maison, deux dans la pièce rituel (un principal + un autre = c’était un peu les chaises musicales en fonction du travail du moment).
Aujourd’hui, on va dire deux, mais très sobres pour des raisons pratiques.

23. Quel est ton élément préféré ?
Alors, j’aime beaucoup le Feu et l’Eau. Mais en tant que tel, je n’ai pas recours aux éléments dans ma pratique actuelle. Ca a été le cas lors de mes jeunes années, quand je dressais un cercle et tout le toutim, mais plus aujourd’hui.

24. Te considères-tu comme un alchimiste ?
Non, du tout. C’est d’ailleurs un domaine que je trouve assez hermétique. Pour avoir travaillé en librairie ésotérique, les bouquins sont souvent hyper dispendieux. On dirait presque qu’il y a une volonté de garder ça pour une élite financière avec du temps. Ce n’est pas non plus un domaine qui m’attire.

25. À part sorcière, es-tu d’un autre type de pratiquant magique ?
Je suppose que ca fait référence aux pratiques comme la Haute Magie et/ou d’autres distinctions. La Haute Magie m’a brièvement intéressée au début du lycée (étudier Eliphas Lévi au lieu de faire ses DM de maths…) mais ce n’est pas ma tasse de thé, non plus que la Chaos Magick, etc.

26. Qu’est-ce qui t’intéresse dans la sorcellerie ?
Formulée de cette manière, je trouve la question un peu étrange. Comme si c’était un onglet particulier dans un grand classeur, alors que la sorcellerie est le classeur à part entière. Et même, comme ça, cela sous-entends que c’est domaine défini que l’on peut ranger dans une bibliothèque, alors que c’est beaucoup plus vaste et imbriqué. Pour essayer de trouver une comparaison, je ne m’intéresse pas intrinsèquement au fait de faire pousser des carottes. Ni même au fait de faire pousser des légumes. Ni à faire « un jardin ». C’est toute une vision tentaculaire autour de l’autonomie alimentaire, à un mode de vie plus écologique, plus simple et en reprenant des anciens savoirs-faire (herboristerie, teintures végétales, fermentation, éducation plus « libre et ancrée », préservation et transmission d’anciennes connaissances y compris avec des langues minoritaires, sortie du capitalisme et d’une consommation à outrance, métier ayant du sens, etc). Questionner en se demandant « ce qui m’intéresse dans la sorcellerie » c’est me demander pourquoi j’ai envie de faire pousser des carottes alors que la sorcellerie fait partie intégrante de tout un système. Par partie intégrante, j’entends qu’elle le compose, elle n’est même pas « une matière ».

27. As-tu déjà accompli un rituel en compagnie de quelqu’un qui n’était pas sorcier ?
Oui, et iels ont participé. J’avais explicitement posé les bases avant, en disant que ca ne demandait pas de croire aux mêmes divinités, au même système ou même « d’y croire », juste d’être respectueux et d’avoir le même but commun (l’objet du rituel étant l’abandon du projet pour l’aéroport de NDL.)  Que chacun était libre de faire son choix et que je n’accepterais pas non plus qu’on rigole si certain.e.s préféraient ne pas le faire. De mémoire, une ou deux personnes (sur une dizaine) ont préféré ne pas participer, et une à demander à regarder, préférant travailler sur le même but sans toutefois se mêler au rituel proprement dit. Le niveau d’écoute et de respect était ultra cool (moi j’étais super stressée parce qu’on m’a demandé ça à l’arrache et que je me suis foutue la pression toute seule.)

28. As-tu déjà utilisé le oui-ja ?
Oui. Avec une planche de contreplaqué et un marqueur. Avec une vrai toute classe chez une amie. Et bon, ca sert à rien d’avoir une planche à 200 balles, c’est kif-kif pour les résultats. Oui ca marche et honnêtement, si c’est un truc populaire pratiquement considéré comme un « divertissement » franchement je me méfie non seulement du bidule, mais de qui ca ramène et des gens avec qui on en fait.

29. Te considères-tu comme une médium ?
Non. Je ne suis pas médium et honnêtement heureusement parce que c’est pas une sinécure. Sincèrement ca a l’air méga chaud à gérer.

30. As-tu un guide spirituel ? Si oui, quel est-il ?
Spontanément, rien que l’expression m’évoque des trucs New Age qui sentent le tarot des anges de Doreen Virtue en combo avec le gilet en moumouth et les remarques soit disant sympa pour ton bien et qui puent le jugement.

31. Y a-t-il quelque chose que tu aurais aimé que l’on te dise quand tu as commencé ?

Je crois qu’on me l’a dit, que ca m’a pas plu / que j’y croyais pas et que j’ai pas écouté. Evidemment c’était vrai. « Ma mère avait raison » épisode 130.

32. Célèbres-tu les sabbats ? Si oui, quel est ton favori ?
Je ne célèbre pas tous les sabbats en tant que tel, mais certaines fêtes sont matérialisées par certains menus spécifiques / des recettes que je ne fais qu’à certaines périodes, et nous parlons de sa signification. En fait, et bien que ma pratique quotidienne soit aujourd’hui assez éloignée des habitudes de la wicca, j’ai gardé le « cadre », un peu comme dans les classes de maternelle, on peut retrouver des activités saisonnières pour aider les enfants à se repérer dans le temps et à situer le déroulement de l’année.
J’ai en revanche gardé l’habitude de fêter Samhaïn, et d’honorer certaines divinités spécifiques à Imbolc. Pour le reste, on fête globalement ce qui est en lien avec l’Asatrù et/ou avec certaines déités. (Mais le « calendrier familial » pourrait en fait pratiquement faire l’objet d’un article à part, nous ne fêtons pas le Thorrablót par exemple).

33. Apprendras-tu la sorcellerie à tes enfants ?
Vaste question.

34. Médites-tu ?
Non, ca m’a toujours fait chier. Faut arrêter d’ailleurs avec cette recommandation en number one pour tout un chacun. Genre si tu es stressé, faut méditer. T’as des crises d’anxiété ? Faut méditer. T’as machin ou truc ? Faut méditer. C’est un peu comme l’homéopathie, c’est donné à toutes les sauces sous prétexte que ca peut pas faire de mal. Alors que ce genre d’universalisme 1/ c’est de la merde 2/ si ca peut finir par faire du mal parce qu’on fini par s’obstiner et ne pas écouter ses ressentis, alors qu’il y a un vrai problème en dessous. (La comparaison avec l’homéopathie, c’est du vécu et je remercie pas la pro de santé en question…)

35. Quelle est ta saison favorite ?

Plus planplan on meurt : j’aime bien toutes les saisons. Chacune a son charme et ses inconvénients. Niveau santé, j’ai du mal à encaisser les températures supérieures à 23°C et le soleil, alors forcément l’été est un peu plus difficile à vivre.

36. Quel type de magie préfères-tu pratiquer ?
Celle qui marche. Sinon : est-ce qu’on pratique ou est-ce que c’est la magie qui nous pratique ?

37. Comment incorpores-tu ta spiritualité dans ta vie quotidienne ?
J’ai un bocal de levain sur le comptoir de ma cuisine.

38. Quel est ton film / série de sorcières préféré ?

Allez, un p’tit classique. Je suis fan du film « Les Ensorceleuses » depuis sa sortie quand j’étais au collège. ^^ J’ai bien aimé aussi « Les Nouvelles Aventures de Sabrina » qui est assez pertinent, en plus d’avoir Miranda Otto dans son casting. Enfant, j’aimais bien un film avec une académie de sorcières et une nana qui s’appelle Mildred. La pauvre était la plus « nulle », et on ne lui donne même pas un chat noir, mais un tigré (bisous les humiliations gratuites) mais je n’ai jamais su comment il s’appelait, c’était mon grand-père qui avait enregistré une cassette pour nous.

39. Quel est ton livre de sorcière préféré, de fiction ou non ? Pourquoi ?

Il est hors de question que ca parte en bibliographie incontrôlable (parce que je travaille dans le domaine du livre alors la lecture, c’est comment dire, la base).

40. Quel est le premier sortilège que tu aies jamais accompli ? Avec succès ou non.

J’étais petite, donc je ne me souviens plus, juste que ca avait été compliqué de le faire en cachette. Plus grande, je me souviens que c’était un sort de Sperandio. Hum. Il doit être dans une sauvegarde informatique de mes vieux carnets de sorcellerie, mais c’est le foutoir intégral. Je me souviens d’un certain succès.

41. Quelle est la chose la plus folle relative à la magie qui te soit arrivée ?

On va en prendre un comique et récent : j’avais jeté un sort de brouillage autour de ma baraque. Un soir je sors pour aller traficoter un truc, et je me suis perdue à 100m de chez moi. Je ne reconnaissais plus les lieux, c’était comme si on avait littéralement retourné le monde dans un bocal. J’ai passé un moment à tournicoter dans les ruelles (que je connais pourtant très bien) en m’insultant sur ma percevalite gratinée.

42. Quel est ton type de bougie préféré ?

Avec parcimonie et le moins de saloperies possible. Parce que comme tout ce qu’on a l’habitude d’utiliser sans réfléchir, ça a en réalité un impact écologique. Donc idéalement faites-maison en cire d’abeille et mèche de coton pour les occasions spéciales. Une correcte-basique-pas trop longtemps allumée pour le quotidien.
Ca ne veut pas dire que je ne trouve pas certaines bougies sublimes, mais clairement, ca doit rester exceptionnel (à mon sens).

[Miscellanées] Witchcraft Asks 1/5

Retrouvé dans la liste démentielle de mes brouillons. A l’origine (qui doit bien dater d’il y a quatre ou cinq ans), je me souviens que c’était une suite de questions écrites en anglais sur tumblr. [En cas de nouvelles infos je mettrai l’introduction à jour].  Ca remettra le blog en jambes et pour ceussent qui débouleraient ici, ca situera le boxon de manière un peu plus étoffée. La suite la semaine prochaine. (Si, c’est vrai, c’est programmé ^^).

1. Es-tu solitaire ou fais-tu partie d’un coven ?
C’est une question marrante. Elle sent à plein nez le Cunningham des années 2000. Mais si, quand il fallait se faufiler à la Fnac pour essayer de pécho trois informations sans sources dans un des rares bouquins traduit en français.
Le petit souci, c’est que direct, on démarre sur un biais avec un bon cloisonnement, une grosse dualité (on rappelle que la DEESSE c’est A GAUCHE SUR L’AUTEL. Pis UTILISE UNE BOUGIE ROUGE. Ou verte. Ou…) et que si c’est révélateur de quelque chose, c’est surtout de l’uniformisation des pratiques pseudo-sorciéro-païennes.
On va dire que c’est l’
habitus du milieu. :p

J’ai « pratiqué » (quoi d’ailleurs : la cuisine ?) seule. Puis avec des gens. Puis seule. Puis en couple (le pire des trucs) parce qu’il fallait équilibrer la dualité masculin-féminin bla bla bla, puis avec d’autres gens. Puis d’autres trucs. Bref, je suis pas certaine que la question soit pertinente si on est en présence / en pratique d’autre chose que la dichotomie « wicca/sorcellerie (pseudo) trad’  » vs. « je fais mon petit mic-mac perso / Cunningham power ». Oh putain, on en est encore là.

2. Te considères-tu comme wiccane, païenne, sorcière ou autre ?
« Je me considère en tant que tel » pour paraphraser Perceval. Plus sérieusement (si toutefois le sujet doit être considéré comme sérieux), je ne me « considère » pas. Je me bat le steak des étiquettes, mais ma pratique se rapproche de celle d’une völva, ou moins spécifiquement d’un.e spirit-worker. Avec de temps en temps des morceaux de sorcellerie « classique » dedans, mais de moins en moins, parce que less is more. Moins t’en fait, moins t’as besoin d’en faire. Les fils finissent par se rééquilibrer et peut-être aussi que je m’en fous de plus en plus. Faut vraiment que ca chauffe pour que je sorte les bougies et les petits pots, comme disait ma mère. Bref, ca n’a que peu d’intérêt, du moment que Eux savent ce que vous êtes censé.e faire (à défaut de vous-même, parce que si Eux le savent, vous naviguez souvent à l’arrache sans rien entraver) et que vous le faites. Le comment du pourquoi du blaze qui va bien, la Brochette s’en fous. Royalement.

3. Quel est ton signe du zodiaque ?
Comme ta sœur.

4. As-tu une divinité patronne ?
Un vieux (well, pas toujours) moisi borgne avec une cape bleue mal lavée qui pue. J’ai pas cherché dans cette direction là. J’ai même mis toute mon énergie à l’éviter et à aller creuser aux antipodes. Avec un succès proche de la fosse des Mariannes.

5. Travailles-tu avec un panthéon ?
Sans rires.

6. Utilises-tu le tarot, la chiromancie ou n’importe quel autre méthode de divination ?
Le premier, ce fût le pendule quand j’étais au CP. Je trippais sur Tintin et le professeur Tournesol avec son pendule. Ma liste de Noël comportait donc ce genre d’artéfact et il s’est avéré que je l’ai reçu. Je m’en suis servi. Ca a marché. Ma mère me l’a confisqué.
Toute jeune ado, la chiromancie, qui m’a valu un tas d’emmerdes. Et une sacré engueulade maternelle. D’ailleurs d’après elle « je ne savais pas faire, je disais de la merde, mais comme c’était vrai il fallait arrêter d’urgence avant d’avoir de réels problèmes parce que, je la cite, « les gens ne sont pas prêts à avoir les réponses aux questions qu’iels posent ». X)
Je tirais aussi un jeu de cartes tout chelou mais très efficace qui me tirait bien d’affaires pour savoir comment embobiner la prof d’allemand ou avoir une idée de quoi réviser. Ce n’est que quinze ans plus tard que je me suis rendue compte que ce jeu de cartes chelou, c’était un Lenormand. Offert par la femme de mon oncle. Puis confisqué par ma mère. (J’étais en sixième pour situer). Honnêtement, pour moi c’était un gros gag à la con qui juste était très pratique et très précis pour m’aider au quotidien, vu que dans le dit quotidien, j’avais un tas de problèmes plus ou moins graves (allant des soucis pour les déclinaisons d’allemand au harcèlement scolaire carabiné) et pas tellement de soutien.
Puis le tupperware cosmique s’est refermé comme il s’est ouvert. J’ai utilisé tout un tas de trucs comme les oghams, les runes, les tarots, le yi-king (oui, oui… bon ca m’a vite fait chier les réponses cryptiques), la bibliomancie, et les siiiiiiignes.
Le truc que tu attends fébrilement pour savoir si oui ou non ou quoi va te tomber dessus. Aujourd’hui, j’utilise que dalle, j’ai aucune envie de savoir ce qui m’attends au tournant merci bien. Par contre, j’utilise certains vieux trucs pour savoir comment gérer la (les) tâche(s) en cours.

7.  Quelles sont quelques unes des plantes que tu préfères utiliser dans ta pratique ?
J’ai, fût un temps, utilisé les herbes citées dans le Lacnunga sous forme d’un baume maison surnommé « baume du seiðr », la belladone et tout un tas de trucs pour les rituels, voyages et autres machins. Des tisanes en pagailles aussi. Et un tas de pratiques pas safe du tout, voire carrément débile, tout ça pour être « trop true ». On n’est pas sérieux quand on a 19 ans.

Actuellement, je dirais que l’herbe que je préfère utiliser est celle qui correspond. Ca sert à rien d’aller chercher un bazooka si tu as besoin d’une cuillère à thé.
Ceci étant, Mesdames et Messieurs Amanita Muscaria, Belladone, Jusquiame et C.nn.b.s ont mon affection. J’aime bien aussi la rose. Et les pivoines. Et la pâquerette (après avoir regardé de haut la p’tite fleur parce que je trouvais que c’était pas une herbe de sorcière. La blague…)

8. Comment définirais-tu ta sorcellerie ?
Seiðr, ca paraît assez concis pour en refermer une bonne partie. L’autre partie a un gros côté Poufsouffle cozy pour veiller sur la maisonnée (avec un 22. long rifle planqué derrière la porte d’entrée, juste au cas où). Le care, tout ça…

9. Accomplis-tu des malédictions ? Si non, acceptes-tu ceux qui le font ?
Si on me casse trop les couilles (euphémisme), j’ai pas plus de scrupules que ça, pour dire les choses platement. Idem pour les gros coup de pelle par terre en prévention. Le truc avec les malédictions et la raison pour laquelle il faut faire gaffe, selon moi, n’a pas tant à voir avec une question de gentillesse. C’est juste que globalement, ca te retombe dessus facilement, parce que si on maudit quelqu’un et que ca marche bien (du tonnerre même), c’est qu’on est impliqué. Et si on est impliqué, c’est que notre petit bout de fil est quelque part entortillé avec l’objet de la malédiction. Ce qui finit par arriver, c’est que les effets et les modalités d’expression d’une malédiction sont très peu prévisibles, même en ayant tout balisé. Et qu’on risque fort de se retrouver éclaboussé de merde au passage, ce qui n’est jamais agréable et potentiellement catastrophique. Aller maudire quelqu’un gratuitement, je n’en vois pas l’intérêt. En général, les gens se débrouillent très bien pour le faire tout seul.

Enfin, si la pratique des autres ne me regarde pas, et que je ne me mêle pas de la vie d’autrui (autant par manque de temps que par manque d’intérêt) les quelques années passées à pratiquer m’ont montré un truc : en général, si une personne a recours en permanence à des sorts et des trucs extrêmes pour tout gérer, c’est probablement qu’il y a un déséquilibre quelque part, et que c’est pas une bonne idée de l’approcher ou de la fréquenter. Pas par peur, mais parce que « chacun sa merde » et que, toujours de mon expérience, tu vas te retrouver « tissé » avec des gens qui n’ont ni parole, ni rien de valable, et que la merde te retombera dessus à un tel point qu’il te faudra avoir recours à tout un arsenal pour t’en sortir, aka on en revient au premier point.

Par contre, un petit coup de préventif contre certaines personnes / situations etc, c’est comme du savon noir sur certaines plantes.

10. Depuis combien de temps pratiques-tu ?
Mmmh, alors pour prendre un point de repère fixe, on va dire depuis 20 ans. Genre j’avais acheté un livre de Sperandio et fêté Beltane 2002. Voilà comment tout a commencé. Le reste, on pourrait passer des heures à épiloguer sur le carbone 14, vu que je fauchais déjà « Le Grand et Petit Albert » de ma mère quand j’étais en Ce2.

11. As-tu actuellement ou as-tu eu un/des familier(s) ?
Ouais. Des qui faisaient scrouic scrouic, des miaous et des qui faisaient vroum et ont mal fini. Le dernier en date est surnommé le Chapalu ou le démon sibérien.

12. Crois-tu au Karma et à la Réincarnation ?
Mes définitions en la matière se rapportent plutôt aux conceptions nordiques du truc.

13. As-tu un nom magique ?
J’ai des surnoms utilisés par certains Esprits, dans certains endroits, en certaines circonstances. Des petits noms aussi. Mais aucuns d’entre eux n’est utilisé dans des cadres humains. Pour le reste, Aranna, c’est bien. Et au passage, je me poile toujours sur la vieille rengaine du « les pseudos c’est bien pour la vie virtuelle, là on est dans le réel, bla bla bla », parce que en fait, parfois on peut avoir pas mal d’identités différentes IRL.

14. Es-tu sortie du placard à balai ?
J’ai jamais trop caché le bazar, et apparemment, je ne peux pas trop le cacher dixit ce qu’on me dit parfois.
Après, aujourd’hui, j’ai tendance à ne rien montrer et à tout passer sous silence, par commodité avec certaines instances régulatrices. Je soupçonne surtout les gens de voir ce qu’ils ont envie de voir, de croire ce qu’ils ont envie de croire, et que le tout reflète surtout leur vision des choses. Du coup je les laisse se débrouiller avec leur paradigme, ca leur tiendra chaud l’hiver.

15. Quel est le dernier sortilège que tu as accompli ?
Mettre un notaire en PLS. (Update de 2023 : faire peur à des administrations qui s’exécutent en moins d’une semaine alors que tu lis partout que c’est mort ?)

16. Est-ce que tu te considères comme quelqu’un d’instruit dans ce domaine ?
Encore une histoire de se considérer. Ca dépend du domaine dont il est question. Comme prof d’histoire de la magie, non, chuis une buse. Concernant les comparaisons dumézilienne je baille d’avance tellement le sujet me fait chier et que je dois me fader des exposés sur la question dans ma vie personnelle. (Le sujet n’est pas intrinsèquement chiant ou inintéressant, juste que perso, je sature total.)
En revanche, concernant le Vieux, oui, je me considère comme quelqu’un de globalement instruit. Même si ca a été un peu contre mon plein gré à une époque, et que j’ai oublié pas mal de trucs depuis 2012, la vie ordinaire étant bien bien remplie de trucs moins classe. (mais vu que les exposés sur Dumézil ne font ni à bouffer ni le ménage, faut bien quelqu’un s’y colle…)

17. Écris-tu tes propres sortilèges ?
Y’a pas besoin de les écrire.

18. As-tu un Livre des Ombres ? Si oui, comment est-il écrit et/ou composé ?
J’ai des carnets où je note des trucs. Avec des dates. Et des descriptions qu’on dirait Emile Zola. (Sinon, c’est un questionnaire ou une indication pour un storyboard là ?)

19. Rends-tu un culte à la nature ?
Oui et je me fous des ronces dans le cul à la pleine lune pour faire trop trou true. (Non sans rire, l’humour de mon ex m’a contaminée. Plus sérieusement, arrêtez la branlette sur des questions pareilles et jetez moins de trucs dans vos poubelles.)

20. Quel est ton cristal favori ?
Le grenat et l’ambre (c’est pas un cristal, osef.) Mais honnêtement, j’ai depuis cinq ans un blocage total avec le fait d’en acheter, de s’en servir pour faire des colifichets magiques et autres machins, alors que c’est tout sauf renouvelable.
La petite tendance du « c’est moi kikikalaplusbelle collection de caillasses » m’interpelle mais quelque chose de velu.

21. Utilises-tu des plumes, des griffes, de la fourrure, de la peau, des squelettes/os ou d’autres parties animales dans ta pratique ?
Oui même si en ce moment c’est plutôt « en hauteur et hors d’atteinte ».
Ca donne parfois des scénarios folklo quand tu te trimbales avec des gants, une caisse de plastique, une pelle… et un cadavre animal dans ton coffre de bagnole. Par contre, question règles hygiène et sécurité en la matière, je suis intraitable. Être loose sur la poussière d’une bibliothèque, c’est en règle général pas grave. Être loose et vouloir faire true avec des cadavres alors que des jeunes champignons sont présents, c’est complètement irresponsable.

[On rouvre.]

Ainsi, il est temps de revenir.
Tout est fermé, tout est silencieux. Parcourant quelques liens que j’avais il y a une décennie le plaisir de lire, je ne suis tombée que sur des liens morts, ou presque.

Après de long mois en mode « privé », finalement, il s’avère que n’est pas encore venu le temps du « au revoir ». J’ai essayé Instagram, mais la forme au détriment du fond, les claviers tactiles et devoir réduire au minimum les circonvolutions de la pensée, tout ceci m’a vite gonflé.

Il y a eu quelques rencontres, quelques gamelles, quelques changements. Il y a aussi beaucoup de bruits et si peu de temps libre. Mais peu importe, je ferai comme je pourrai, mais je ferai.

Bref, donc, ce lieu que je pensais garder fermé pour une foultitude de raisons rouvre finalement.

Que dirais-tu à une personne qui souhaite se consacrer à Odin ?

Suite à un commentaire sur un des posts relatifs au Odin project que j’essaie de poster tous les jours brièvement sur instagram, il y a eu une remarque intéressante qui a finalement fait jaillir une réflexion qui demande d’être un peu plus poussée.

Qu’est-ce que je dirais à une personne qui souhaite se consacrer à Odin ?

[Edit : Alors, ce n’est pas un article exhaustif. (Je n’ai plus le temps et puis vous êtes par ailleurs aussi tout à fait libre d’écrire un blog).
Il sert simplement à poser une sorte de cadre d’interrogation en soulevant deux-trois points. Il ne vise pas à refaire le point détaillé sur les différents aspects d’Odin, le fonctionnement des dieux nordiques et tout le bazar qui a déjà été abordé sur ce blog plusieurs fois. Si vous êtes nouveaux/nouvelles, vous avez les archives et de la lecture. Il y a aussi plein de sources que vous êtes libres d’aller explorer. Je pars du principe que vous avez au moins quelques notions avant de vouloir faire une consécration, ou au moins la curiosité de vouloir vous renseigner.
L’article suivant n’aborde pas non plus les conséquences d’une consécration en prévenant que « attention ca peut être (grave)la merde ». Pourquoi ?
– Parce que, encore une fois, j’ai déjà parlé de ça ailleurs.
– Parce que je peux difficilement prévoir tous les cas de figure dans un article.
– Parce que c’est votre vie et que vous êtes assez grand.e.s pour réfléchir.
]

1 – Le degré de latitude quant au choix

Tout d’abord, je fais une légère distinction entre la personne qui décide de le faire entièrement et uniquement de son propre chef ; la personne qui s’est fait bien campée par le Vieux et que ce dernier lui a fait vertement comprendre que c’était ce qu’il attendait de cette personne.
Dans le premier cas, les paramètres sont relativement simples. Dans le second, c’est un peu plus délicat et ca demande sans doute une négociation un peu plus âpre. Certaines personnes considèrent que des demandes non-négociables, ca n’existe pas, et que l’on peut toujours négocier. D’autres personnes considèrent au contraire que l’on ne choisit / doit jamais choisir consciemment mais répondre à un appel ; que la divinité choisit, etc. Dans les faits, l’un n’exclut pas forcément l’autre et il est délicat de figer dans le marbre une situation. (Peut-être que la personne qui choisit pleinement consciemment de se consacrer à une divinité ne fait en réalité que devancer l’appel… ) En tout état de cause, étant donné que l’on ne peut pas rembobiner le passé ou dérouler le futur, il est difficile de savoir exactement quels sont les ressorts impliqués.
Ensuite, je pense que cela dépend des cheminements personnels de chacun : une personne qui a toujours eu le choix et la pleine liberté de son cheminement aura sans doute plus facile à en déduire que son cas est/doit être une vérité générale. En d’autres termes, même si ce n’est pas toujours le cas, il est fort probable qu’en fonction de notre propre expérience, on soit plus à même de considérer que les choses peuvent fonctionner de telle ou telle manière.

Personnellement, je considère que les deux options existent, mais qu’en fonction des divinités concernées, on remarque des schémas de fonctionnement assez différents. Certaines divinités vous laisseront toujours le choix, d’autres auront tendance à se moquer éperdument de votre avis et feront tout pour faire pencher la balance. Et Odin rentre clairement dans la seconde catégorie.

Pourquoi donc établir cette distinction ? Principalement parce que je pense qu’une personne qui aura subi la présence du Vieux se rendra plus facilement compte de certains aspects problématiques et sera peut-être plus vigilante.
Etant donné certains exemples lus au détour de mes rares passages sur les réseaux sociaux, il y a quand même pas mal de personnes (bon, d’hommes principalement) qui ont l’air de trouver que « Odin c’est cool, c’est le chef des Ases, et j’aimerais me consacrer à lui ». Bon, à une époque, j’aurais sans doute grogné. Aujourd’hui je me dis qu’après tout, il faut bien faire quelque chose de sa vie, alors s’ils veulent se consacrer à Odin, pourquoi pas ? Et ensuite, dans le fond, pourquoi est-ce que sans le savoir encore, ils ne répondraient pas à un appel ? La superficialité des réseaux sociaux s’envisage dans les deux sens au final. Je vais faire dans le cliché et grossir volontairement le trait en caricaturant, mais pourquoi est-ce que le cœur et les intentions d’un ado de dix-huit ans seraient forcément plus risibles que celles d’un.e universitaire de quarante piges ?

2 – Ne pas se voiler la face

Apparemment, la tendance actuelle c’est de considérer que en fait, les Dieux -ici nordiques- veulent uniquement notre bien, sont gentils, pacifistes, aimants, etc.

Alors, spoiler alert :

Non.

Je comprends que l’idée soit séduisante, réconfortante, qu’elle vous fortifie, que ca corresponde beaucoup plus aux normes actuelles, mais juste, encore une fois : Non.
Si vous recherchez un dieu aimant, qui pardonne tout, et tout le toutim, honnêtement je ne peux pas vous le reprocher, mais clairement, c’est globalement pas trop vers les Nordiques qu’il faut se tourner niveau casting. (Sinon Jésus-Christ est cool, anar’ et clairement il roxe aussi du poney niveau pratique. Je vous jure, et c’est même pas ironique.)

Odin n’est pas « gentil », mais il n’est pas « méchant » non plus. (Edit : Non, on n’est pas sur ce type de distinction quand il s’agit des divinités nordiques. ) Par contre, oui, il a la vengeance cruelle et il vaut mieux faire attention où on met les pieds. Les sagas et les Eddas sont d’ailleurs plein d’exemples de ce style.
C’est typiquement un dieu qui fait ce qu’il estime qui doit être fait, peu importe la manière dont il doit agir pour cela. C’est le point essentiel à ne jamais perdre de vue. Si vous choisissez de vous consacrer à lui, que vous lui offrez votre vie, il est probable qu’il vous utilisera de la manière qu’il jugera la plus pertinente. Hors, son idée de votre utilité peut s’avérer très différente de celle que vous envisagiez. C’est même probable.
On peut aussi finir comme dommage collatéral lors de la tentative de réalisation d’un de ses plans, qu’il soit une réussite ou un foirage monumental.

Il est de notoriété que ce n’est pas un Dieu paisible, et que ses protégés ont plutôt tendance à mourir de mort violente. Je suppose que c’est cette idée d’héroïsme qui, pour le meilleur ou le pire, suscite ce genre d’envie de la part de personnes qui se sentent coincées dans un monde qui, en matière de gloire et de courage, propose de rester enfermé.e chez soi pour sauver des vies. Ceci étant, et étant donné l’évolution, et des mœurs depuis l’an mille, et des destins qui nous sont proposés, il serait intéressant de voir quels seront les destins de celleux qui se sont voué.e.s à Lui. Ca donnera peut-être une vision un peu plus actualisée du sujet d’ici un siècle.

C’est un dieu qui prends beaucoup. Qui donne beaucoup aussi.

3 – Est-ce que les « antécédents » de consécration changent quelque chose ?

Est-ce que le fait qu’il veuille absolument qu’on se consacre à lui, et l’écouter, le rendra plus cool vis à vis de nous ?
Je ne peux avoir qu’une hypothèse en matière de réflexion sur la question, puisque je ne suis pas le principal intéressé, mais j’aurais tendance à dire que je ne pense pas. Disons qu’il a sans doute des intérêts dans le fait de voir telle ou telle personne se consacrer à lui, ne serait-ce que a minima parce qu’elle se trouve dans un alignement géographique/temporel/relationnel etc, particulièrement utile, mais si l’idée c’est d’ouvrir un parapluie en se disant « je peux merder tranquille, il ne m’arrivera rien parce que j’ai fait comme il me demandait », sincèrement, je ne tablerai jamais là-dessus (et je trouve ce type de raisonnement un peu abscons).

J’aurais même tendance à penser le contraire : s’il a un intérêt précis en ce qui vous concerne, vous risquez franchement d’en baver et d’avoir intérêt à ramener « un bon bulletin ».

Un semblant de Odin Project 2020

La dernière date de mise à jour pique un peu quand même… De l’eau a coulé sous les ponts, et je n’ai malheureusement définitivement plus le temps pour poster des articles complets issus de recherches / lectures approfondies (à mon grand dam, mais d’ici à ce que je trouve un retourneur de temps…)

Ceci étant, pouvoir partager, même brièvement, des petites choses sur la pratique, les Esprits et les Dieux me manquait (et je me suis fait un peu tirer les oreilles par la Brochette aussi hein).

Alors, bon gré malgré, et en dépit de mes chouinages -parce que je suis plus du genre « réseau associal »- j’ai ouvert une fenêtre parcellaire sur Instagram.

Vous pouvez aller jeter un oeil et/ou participer au Odin project 2020. #odinproject2020 Que ce soit là bas, sur des blogs ou ailleurs que sais-je.

Ce ne sera pas du tout aussi approfondi qu’en 2012 ou 2013 (et ce n’est pas le but per se, l’idée étant plus de retrouver un genre de fil dévotionnel) mais c’est tout de même quelque chose, si le cœur vous en dit.

Mon compte c’est @sorcieron